L’Athéna Parthénos américanisée : de la sculpture d’Alan LeQuire au décor du film Percy Jackson, le Voleur de foudre | Antiquipop

En 1990, Alan LeQuire présente au public une sculpture figurant l’Athéna Parthénos, réalisée après un concours remporté neuf années plus tôt. L’artiste américain recrée ainsi, selon des critères scientifiques, la célèbre sculpture chryséléphantine (faite d’or et d’ivoire) perdue, exécutée par Phidias au Ve siècle avant J.-C. Il en a fait, selon ses dires, « la plus grande statue en intérieur du monde occidental » puisqu’à l’instar de l’original, elle mesure près de douze mètres de haut et trouve sa place dans le naos d’un Parthénon non pas celui d’Athènes, mais de Nashville aux États-Unis.

En 2010, ce lieu sert de décor au film de fantasy du réalisateur Chris Colombus : Percy Jackson, le Voleur de foudre. La sculpture monumentale d’Athéna, quelque peu transformée, trouve une place prépondérante dans la scène de combat entre les jeunes protagonistes et l’Hydre de Lerne. Cette présente réflexion se propose de constater de transformations doubles de la sculpture : celle opérée de la Grèce au Ve siècle av. J.-C. jusqu’aux États-Unis d’aujourd’hui et celles qu’implique la variété des supports plastiques et visuels mis en œuvre, entre la sculpture monumentale et le décor de cinéma. Toutefois, avant d’analyser les modalités de variations, il s’avère nécessaire d’expliquer comment « un Parthénon », écrin architectural indissociable de notre sujet d’étude, s’est retrouvé au cœur des États-Unis.

L’enseignement des lettres classiques fût largement dispensé à Nashville, tant et si bien que la ville fut surnommée « l’Athènes de l’Ouest » dès 1895. Afin de rendre hommage à la culture classique et pour héberger les Beaux-arts lors de l’exposition du Centenaire du Tennessee[iii] en 1897, un pavillon reprenant l’architecture du Parthénon fût édifié[iv]. À l’instar des expositions universelles, celle du Centenaire présentait des structures qui n’avaient pas vocation à perdurer dans le temps, toutefois, comme ce fut le cas pour la tour Eiffel en 1889, le Parthénon a été conservé. Il a même été consolidé et amélioré en 1920 grâce aux architectes Russel E. Hart et William B. Dinsmoor. Des moulages des marbres d’Elgin ont été effectués au British Museum de Londres par Léopold et Belle Kinney Scholz afin de garantir une reproduction la plus fidèle du temple d’Athéna outre-Atlantique. In fine, archéologues et historiens ont pris part au projet, afin de présenter au public le Parthénon tel qu’il aurait pu être au temps de Périclès. En outre, cette édification, comme le souligne Panayotis Tournikiotis, professeur d’histoire et de théorie de l’architecture à Athènes, vient affirmer une volonté de filiation, non pas historique comme en Europe, mais culturelle et civique…

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