Défense de sniffer et de fumer à la cour du Roi-Soleil | Savoirs d’Histoire

Aujourd’hui, intéressons-nous au tabac, cette plante qu’on sniffe, qu’on chique ou encore qu’on pétune depuis plusieurs siècles et qui avait le don de déclencher l’ire du Roi-Soleil. Mais commençons par un brin d’histoire et mettons le cap sur les petites îles des Caraïbes…

C’est entre 1492 et 1502, au cours des expéditions de Christophe Colomb en Amérique, que le tabac fut découvert par les navigateurs européens. Colomb ayant envoyé quelques matelots explorer une de ces îles qui forment l’archipel des Bahamas, les gaillards revinrent en racontant qu’ils avaient rencontré les populations locales et observé leurs coutumes parmi lesquelles une curieuse pratique, celle d’aspirer la fumée à travers un bâtonnet incandescent de feuilles roulées qu’ils tenaient au coin du bec. À leur retour, ces navigateurs rapportèrent en Europe quelques spécimens de cette plante de la famille des solanacées que les Amérindiens appelaient Tabaco et qui est reconnaissable par ses fleurs de couleur purpurine ou pourrait-on dire ferrugineuse [« Féru, féru… gineuse ! »].

Si l’explorateur André Thévet avait déjà introduit la plante en France dès 1556, c’est seulement en 1560 qu’elle fait son entrée à la cour de France lorsque Jean Nicot, ambassadeur auprès du roi du Portugal, en offrit à Catherine de Médicis sous la forme de poudre à priser. La reine mère l’aurait employé comme remède pour calmer ses migraines après que son médecin personnel, le grand Ambroise Paré — père de la chirurgie moderne — ait déclaré la substance inoffensive. On peut se tromper. Ça arrive aux meilleurs. Toujours est-il que le remède semble fonctionner. Catherine est ravie, ses maux de tête s’envolent et toute la cour commence à consommer le tabac pour ses vertus thérapeutiques. Une petite fatigue, un léger trouble, sont l’occasion de s’en fourrer plein les naseaux. Le tabac fut rapidement baptisé herbe à la reine, herbe de l’ambassadeur ou encore herbe à Nicot, ce qui n’est pas très heureux… Pas peu fier, ledit Jean Nicot désignera lui-même le tabac sous le nom de Nicotiane dans son ouvrage intitulé Commentaires de la langue française. Ainsi donc c’est à cet ambassadeur français du XVIe siècle que la nicotine doit son nom. Encore une nouvelle anecdote à placer, l’air de rien, lors de votre prochaine pause-clope pour montrer une fois de plus à vos collègues votre science infinie des petites choses de la vie. Du reste, vous auriez tort de vous en priver. Je sais que vous allez le faire. Je vous vois. Blague à tabac part, revenons à notre plante herbacée nouvellement découverte et qui fait un… carton auprès de l’élite française.

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