Le « Secret » des Chapeliers Fous… | Savoirs d’Histoire

Si je vous dis « Chapelier Fou », vous vous figurez tous ce personnage excentrique au visage apoplectique qu’on rencontre dans Les Aventures d’Alice au pays des merveilles (1865) de Lewis Carroll (1832-1898) passant ses journées à prendre le thé aux côtés du Lièvre de Mars.

Tiens d’ailleurs, que lisez-vous sur le chapeau du Chapelier sur cette illustration de John Tenniel ? « 10/6 ». Cela signifie « dix shillings et six pence », il s’agit de l’étiquette de prix du chapeau que le Chapelier n’a pas jugé utile de retirer avant de s’en couvrir. Bon, c’est un fait, ce chapelier est légèrement atteint ! Mais ce personnage de chapelier toqué n’est pas uniquement le fruit des fantaisies du romancier britannique. En anglais, il existe cette expression « mad as a hatter », littéralement « fou comme un chapelier ». On en trouve la première occurrence dans le Blackwood’s Edinburgh Magazine de 1829, au chapitre Lion-eating and hanging, dans la bouche de Odoherty au milieu d’une discussion mettant en scène des personnages fictifs (à lire en anglais pour les curieux, c’est assez amusant !). Tout cela vient renforcer notre vision de chapeliers complètement siphonnés. Et moi qui croyais qu’il n’y avait pas de sot métier… Alors, comme d’habitude, j’ai mené mon enquête ! En réalité, au cours des XVIIIe et XIXe siècles, dire d’un chapelier qu’il était fou pouvait s’avérer être un pléonasme car à cette époque les chapeliers ont tous, ou presque, un pet au casque ! Je m’explique…

Remontons donc au XVIIIe siècle, tandis que les chapeaux et coiffes sont en vogue dans l’aristocratie et participent des costumes d’apparat de l’élite européenne. Souvenez-vous, c’était juste après notre période des perruques délirantes…

Bref, on était allé trop loin, on s’est dit que finalement un beau chapeau, avec certes quelques fioritures, ferait très bien l’affaire, que ce serait plus chic ! Et on a eu raison. Les plus fortunés se parent donc des couvre-chefs les plus ostentatoires et le chapeau de feutre devient un produit de luxe.

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