Le psychisme des soldats de la Grande Guerre à travers l’expérience combattante de l’Aisne | La côte 108 à Berry-au-Bac

La « guerre n’a pas seulement meurtri et lacéré les chairs, elle a entaillé les âmes, elle a rendu fou ». Cette citation de Jean-Yves Le Naour reprend le thème de cette violence totale qui jeta autant dans l’abîme les corps que les esprits.

Pour les hommes qui combattirent dans la région de Berry-au-Bac, quelques jours, quelques semaines, quelques mois, comment réagirent-ils face à la violence extrême, à laquelle ils furent confrontés et qu’ils administrèrent autant qu’ils la reçurent ? Comment ces hommes ont-ils exprimé cette violence pendant et après le conflit ?

Au cours de la première année de recherche du projet la cote 108 à Berry-au-Bac qui s’est concentrée sur les expériences combattantes, françaises et allemandes, dans ce secteur, les recherches effectuées dans les fonds privés des soldats de la Grande Guerre ont mis à jour des lettres, des carnets de guerre et des mémoires sur cette expérience vécue à Berry-au-Bac, documents écrits pendant le conflit mais aussi dans l’après-guerre. J’ai pu ainsi appréhender les traumatismes des soldats. L’analyse des carnets et des correspondances des soldats français engagés à Berry-au-Bac ou à proximité reprend des thèmes et des aspects déjà étudiés par l’historiographie de la Grande Guerre, à l’instar de l’ouvrage collectif sur « la violence de guerre, 1914-1945 ». Il s’organise notamment autour des thèmes tels que la prise de distance avec la réalité, les mécanismes d’adaptation ou de survie, la souffrance de l’autre, du camarade autant que de l’ennemi, l’omniprésence de la mort, la violence extrême, la fragilité et la dislocation des corps face à l’artillerie ou à la guerre des mines. Thèmes que j’ai en partie choisis d’aborder dans ce présent billet à partir d’un carnet d’un combattant de l’Aisne, et ce afin d’approcher la violence des combats et mieux cerner une « démobilisation », culturelle et psychologique, impossible, notamment en raison du recours à des techniques d’armement perfectionnées et destructrices.

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