Les élèves-architectes et la construction, conformisme et originalité de leur formation à Toulouse | Politiques de la culture

Dessin et exécution

Les traités, supports ou issus des cours de construction de la Section architecture de l’ENSBA, la programmation de ces cours1 et les médailles des concours de construction laisseraient croire que le bagage technique des élèves de l’ENSBA suffisait à maîtriser par le tracé la réalisation d’un bâtiment.

Mais quiconque fait l’expérience de voir de ses dessins naître un édifice sait que sans une connaissance pratique de la fabrication et de la mise en œuvre, c’est à dire du chantier, un dessin vérifiant la stabilité associé à la description des matériaux d’un édifice ne suffit pas à en assurer son exécution. Pourtant, le dernier grand professeur de théorie selon les critères académiques de cette École, Georges Gromort (1870 – 1961), qui enseigna de 1937 à 1940 et qui était encore dans les années 1960 le référent de beaucoup d’admissionistes, exposait dès la préface de son Essai sur la théorie de l’architecture2 que « l’enseignement de l’architecture comprend en effet deux parties : l’une se rapporte à la composition et l’autre à l’exécution des ouvrages….La théorie de l’exécution, c’est le cours de construction générale ; quant à sa pratique elle s’apprend sur les chantiers et dans nos agences, mais surtout quand nous construisons nous-mêmes et que l’expérience de nos erreurs nous instruit ».

Dire qu’un élève et même un praticien apprennent de leurs erreurs dans la conception d’un projet est une antienne pédagogique mais dire d’un praticien qu’il apprendra de ses erreurs sur le chantier ne facilitera pas l’insertion professionnelle de jeunes diplômés.

Hormis le bref intervalle de l’École régionale d’architecture de Toulouse (ERAT) de 19403 à 1965/68, toute autre est la formation dispensée à Toulouse. Fondées en 1833 aux Augustins puis quai de la Daurade l’École des beaux-arts et des sciences industrielles de Toulouse (EBASI)4 et sa Classe d’architecture ont pour objectif de former à des métiers. Un exemple : en 1861, Auguste d’Aldiguier, président le Bureau des arts dont dépendait l’EBASI, se désole que bien des élèves de cette Classe la quittent dès les premières années au point que le dernier niveau n’a pratiquement plus d’élèves.

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