Genèse et développement de l’école régionale d’architecture de Bordeaux | Politiques de la culture

Le décret autorisant en 1903 la création d’Écoles régionales d’architecture, conçues comme autant d’« antennes » de l’École des beaux-arts de Paris et délivrant le même diplôme que cette dernière, n’intéressa pas immédiatement la ville de Bordeaux. Redoutant l’ingérence parisienne qu’impliquait cette évolution, celle-ci préféra dans un premier temps conserver l’enseignement de l’architecture tel que mis en place par l’architecte diocésain Jean-Louis Labbé en 1877, et ce n’est qu’en 1928 que l’École régionale d’architecture de Bordeaux ouvrit finalement ses portes.

L’ERAB, fruit des efforts conjugués de l’architecte et successeur de Labbé Pierre Ferret, qui en prendra la direction, de différents groupements professionnels bordelais et de la mairie de Bordeaux alors dirigée par Adrien Marquet, fut organisée en ménageant le système d’enseignement existant. Celui-ci resta pour une bonne part inchangé, tout en adoptant les exigences que lui imposait son nouveau statut. Il s’agit dans cet article d’interroger les étapes successives et les rôles joués par les différents protagonistes, personnes et institutions, dans la genèse et le développement de cette école, depuis la création d’un premier enseignement de l’architecture à Bordeaux jusqu’au seuil des années 1960.
Avant les grandes réformes des années 1960, l’enseignement de l’architecture à Bordeaux peut se diviser en deux grandes périodes, la première commençant en 1877, avec l’ouverture d’un cours d’architecture, la seconde en 1928 avec la création de l’École régionale d’architecture de Bordeaux (ERAB). De ces neuf décennies, il subsiste peu de sources conséquentes et les travaux existants soulignent tous la minceur des fonds disponibles : quelques liasses de documents aux Archives Bordeaux-Métropole, quelques dossiers supplémentaires à l’ENSAP de Bordeaux, ces derniers concernant essentiellement les dernières années d’existence de l’ERAB.
L’histoire que ces fonds ont permis d’esquisser montre une École à la fois dépendante d’une institution prestigieuse, l’École des beaux-arts de Paris, et enracinée dans son environnement d’origine, l’École municipale des beaux-arts et des arts décoratifs de Bordeaux (EMBAAD) et les milieux professionnels bordelais. Il s’agira dans ce court article non pas de proposer une histoire de cette école, qui reste à écrire, mais de mettre en avant les rôles joués par différents protagonistes – personnes et institutions – durant sa genèse et son développement. Dans cette perspective, on mobilisera, en plus des sources citées plus haut, d’une part les brochures publiées annuellement par l’École municipale des beaux-arts et des arts décoratifs de Bordeaux, qui permettent de suivre l’organisation des études et la vie administrative des deux écoles ; d’autre part, les travaux de différents groupements professionnels bordelais, notamment la Société des architectes de Bordeaux et du Sud‑Ouest (SABSO), dont les procès-verbaux ont été localisés dans le fonds légué par l’architecte André Bac (1865-1954), et le Groupe de Bordeaux de la Société des architectes diplômés par le gouvernement (SADG), dont les procès-verbaux, qui semble-t-il ont été au moins en partie publiés, n’ont pas été localisés, mais dont les bilans et commentaires ont été insérés dans les Bulletins de la SADG.

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