Les élèves de l’École régionale d’architecture de Bordeaux (1928-1968) : parcours scolaires et trajectoires professionnelles | Politiques de la culture

Comme le rappelle Anne-Marie Châtelet en présentation des enjeux du programme de recherche HEnsA20 en 2016, l’historiographie a longtemps ignoré le destin de la section architecture de l’école des beaux-arts au XXesiècle – pour ce qui concerne la période d’avant 1968 –alors qu’elle a largement éclairé son histoire pour ce qui concerne le XIXesiècle.

À l’ombre de la prestigieuse école parisienne, ses antennes provinciales n’ont guère suscité davantage l’intérêt des historiens jusqu’à récemment. Dans le cadre du programme HEnsA20, l’histoire de l’école bordelaise fait maintenant l’objet de l’attention d’un groupe de chercheurs reprenant la suite des investigations menées par Gilles Ragot.

Cette contribution se focalise plus spécifiquement sur le cursus scolaire et la trajectoire professionnelle des élèves passées par cette école avant 1968, afin de voir comment ces parcours illustrent la singularité cette école, en même temps qu’ils révèlent un mode de fonctionnement pédagogique plus vaste, propre au système académique de l’école des beaux-arts.

La constitution d’un fichier des élèves comme source d’interrogations

Ce premier outil d’analyse permet d’esquisser le visage de cette école, en examinant la sociologie de ses élèves et en détectant des parcours plus ou moins singuliers. Après la présentation introductive de premiers constats généraux, nous questionnerons les spécificités et la diversité des parcours scolaires des élèves bordelais pour, enfin, évoquer leur présence et chassés-croisés sur le terrain professionnel.
Depuis sa fondation en 1928 jusqu’à l’effondrement de la section architecture à l’École nationale supérieure des beaux-arts (Ensba) en 1968, l’École régionale d’architecture de Bordeaux (ERAB) est marquée par une certaine stabilité. Elle est incarnée durant quarante ans par seulement deux principaux chefs d’ateliers : Pierre Ferret et son fils Claude (
Fig. 1). Le croisement de diverses sourcesont permis d’élaborer et d’alimenter un fichier des élèves qui y ont été inscrits durant cette même période. Cette base de données inédite se fonde, en premier lieu, sur les registres anciens d’inscriptions à l’école – prenant également en compte les élèves non-admis – croisés avec les informations issues des dossiers individuels dépouillés par Marie-Laure Crosnier Leconte. Les informations ont été enrichies par plusieurs ressources complémentaires comme la base de données en ligne ArchiRès, les Concours d’architecture de l’année scolaire, la publication des bulletins de concours édités par la ville de Bordeauxet, enfin, par divers documents provenant du fonds ancien de l’école.

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