« On tombe toujours de la même manière, dans un mélange de ridicule et d’effroi » – sur une citation d’Eric Vuillard | L’histoire contemporaine à l’ère numérique

Dans son roman, L’ordre du jour, qui lui a valu d’obtenir le prix Goncourt, Eric Vuillard ouvre son premier chapitre en racontant cette fameuse, très fameuse, réunion de février 1933 de collecte de « dons » organisée pour Hitler par, notamment, Hjalmar Schacht – ce qui, naturellement, ne peut me laisser tout-à-fait indiférent.

Je n’ai pas encore lu ce livre en entier – et pour être honnête, j’ai beaucoup de mal avec les romans historiques et je pense qu’il ne fera pas exception – mais une citation qui en est extraite m’a interpellée très fortement:
On ne tombe jamais deux fois dans le même abîme. Mais on tombe toujours de la même manière, dans un mélange de ridicule et d’effroi.
Je ne sais pas si cette phrase doit être comprise comme une sorte de philosophie de l’histoire, mais elle me semble extrêmement juste pour ce qui est de l’histoire de l’entre-deux-guerres et surtout des comparaisons que nous pouvons faire entre cette période et la nôtre.

Ce qui est frappant lorsque l’on étudie les relations internationales de l’entre-deux-guerres, c’est la conscience dès 1919 que le sort de l’Europe est en jeu, qu’une nouvelle catastrophe, après celle de la Grande Guerre, pourrait arriver et être pire encore, menant l’Europe à son suicide. On le voit chez les écrivains (Paul Valéry), chez les économistes (Keynes), chez les politiques (Briand comme Stresemann).

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