Le paysage musical des Inrocks, une possible contribution à l’écriture d’une histoire des musiques amplifiées | La Factory
Le paysage musical des Inrocks, une possible contribution à l’écriture d’une histoire des musiques amplifiées
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Travailler sur « le paysage musical » des Inrocks n’est pas chose aisée. Ah bon ? me direz-vous. Le paysage musical des Inrocks ce ne sont pas ces générations de groupes britanniques signés sur les labels indépendants qui versent les uns dans la mélancolie urbaine, les autres dans une pop légère ou un peu plus bruyante ? Ce serait aussi simple que cela m’arrangerait assez. Mais je l’’avoue, je trouve souvent suspects les allants de soi, je me méfie des apparences et des représentations forgées de mémoire de lectrice ou de lecteur.
Avant de se lancer dans son étude, il faut s’entendre sur ce que recouvre cette notion de «paysage musical », sur la matière qui le constitue ainsi que sur les approches qui permettent de le lire, le comprendre et l’analyser. Le paysage, c’est ce que le regard embrasse. Il faut en délimiter le cadre, lui donner un fond ou un arrière plan, poser quelques repères incontournables et éléments saillants, de ceux qui le charpentent, lui donnent sa spécificité ou, éventuellement, sa cohérence. En procédant de la sorte, j’escompte, par élimination, identifier les marges et les points aveugles (le métal en est un par exemple)[1].
Le paysage s’inscrit dans une géographie : celui des Inrocks serait localisé autour de l’Atlantique Nord entre France, îles britanniques et Etats-Unis. Lui donner cette centralisé Atlantique nous autorise à penser aux routes maritimes, en termes de circulations musicales, donc de mettre un peu de mouvement dans le tableau. Rien n’interdit ensuite de réfléchir à un système d’emboitement scalaire du régional au local dans lequel bien des routes filent vers Manchester.
La paysage est façonné par l’humanité. Elle le transforme au fil des générations ; il me semble donc assez inévitable de mentionner les influences musicales auxquelles s’abreuvent les Inrocks : le Velvet, les Stooges, les Clash – c’est bien punk tout ça ! – autant de groupes que les membres fondateurs apportent avec eux quand ils créent le titre ; s’y ajoute, plus récente mais relativement invisible dans le journal car rapidement disparue, la cohorte de formations issues du post punk – prolongée par la new wave – dont l’étoile noire reste Joy Division. C’est à la fois une référence, un point de basculement et un étalon de mesure. Viennent ensuite les héritiers immédiats : groupes et artistes qui évoluent au moment de la fondation du titre et qui alimentent les unes et les pages du bimestriel (The Smiths, Echo and The Bunnymen, New Order, Nick Cave toujours visibles, et des formations au parcours plus complexe comme les Pale Fountains). Enfin, pour la décennie suivante, celles des années 90, de nombreuses ramifications s’opèrent à partir de ce tronc central : la vague Madchester, la brit pop ou encore le Bristol sound. Il y a là un jeu de filiations qu’il faut ordonner et organiser mais qui parait assez cohérent.
Une lecture plus sociale de ce « paysage » maintenant mieux défini m’intéresse également. Il y a en ce moment une vague de publications autour des femmes dans le rock – des autobiographies de groupies ou de musiciennes_, analyse de mouvements musicaux plus vastes[2] – qu’il me semble important de garder à l’esprit.
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Source : https://lafactory.hypotheses.org
Auteur : Véronique Servat
Aire(s) géographique(s) : Europe occidentale
Période(s) : 20e siècle (1914-2001)
Thématique(s) : Culture, Média, Méthodologie, Social, Société
Type(s) de média : Textes
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