Charles Aznavour : « L’émigrant » (1954) | l’histgeobox

La question des prisonniers de guerre se pose avec une acuité dramatique au sortir de la grande guerre. Ce sont près de 600 000 prisonniers qui doivent être rapatriés à l’issue des combats. L’effondrement des empires et l’extension du modèle de l’État-nation précipitent également  sur les chemins de l’exil des milliers d’individus en quête d’un refuge.

De 1919 à 1923, alors que les conférences internationales tentent de remettre un semblant d’ordre en Europe, on assiste à des échanges forcés de populations, avec l’interdiction pour les individus concernés de rester/rentrer dans leur pays d’origine.Les pratiques de déchéances forcées et automatiques de la nationalité – pour des motifs  d’appartenance à des partis, des classes sociales, des religions – transforment des milliers de femmes et d’hommes en apatrides, privés d’État et de nationalité.

La situation chaotique des ex-empires russe et ottoman constitue un contexte propice à la multiplication de ces migrations forcées. Dès les lendemains de la révolution d’octobre 1917, des milliers de Russes tentent d’échapper aux persécutions. Déchus de leur nationalité, ils se voient interdire de retour. Leurs biens sont spoliés. La victoire des bolcheviques sur les armées blanches dans le cadre de la guerre civile en Russie en 1920, provoque de nouvelles évacuations. Des centaines de milliers de civils russes fuient alors par bateau depuis la Crimée à travers la mer Noire, vers le Sud et Constantinople. Plus de 140 000 personnes s’y entassent dans des camps de fortune.

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