L’enseignement de l’urbanisme à l’ENSBA, 1958-1968 | Politiques de la culture

L’urbanisme a-t-il, un jour, fait l’objet d’un enseignement dispensé au sein de l’École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) ? En se cantonnant à la lecture du double faisceau de contestations exprimées en mai 1968 – critique du système de production de la ville promu par l’ENSBA et critique de la vacuité de son système pédagogique –, on pourrait laisser penser que l’école n’a jamais accueilli dans ses murs un tel enseignement. Or, il n’en est rien.

Si l’on en croit les mémoires d’André Gutton (1904-2002), sa nomination en 1949 en qualité de titulaire de la chaire de théorie de l’architecture, alors même qu’il n’est pas lauréat du grand prix de Rome, résulterait de la conviction progressiste de Jacques Jaujard, directeur des Arts et des Lettres au ministère de l’Éducation nationale, en poste depuis la Libération, qu’il « était nécessaire que les futurs architectes, sans être obligatoirement plus tard des urbanistes, aient la connaissance de cette science ». André Gutton, comme toute une génération de jeunes architectes à la fibre sociale, est en effet issu des rangs de l’Institut d’urbanisme de l’université de Paris (IUUP), rue Michelet, seule formation en urbanisme alors proposée. Sous son impulsion, le cours de théorie de l’architecture connaît une certaine « urbanisation » qui s’exprime notamment par l’invitation faite aux élèves à intégrer dès les prémices du projet architectural la considération du site, assortie d’une initiation aux méthodes d’analyse et de planification urbaines. Mais il ne constitue pas à proprement parler un enseignement de l’urbanisme qui, lui, sera mis en place officiellement en 1958 avec la création de la chaire d’urbanisme. Sous des formes diverses, cet enseignement ne cessera plus, même s’il peinera à se structurer selon des modalités probantes.

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