21 décembre 1917 | La 1ère Guerre vue de Paris

Mon cher Pierre,

Je reçois à l’instant une lettre du neveu. Je te la communique, tu y verras que les choses ne s’améliorent guère et que B., c’est Barrère, continue à jouer son jeu. Je trouve ces hommes-là aussi coupables que Caillaux, et cependant ils récoltent honneur et profit. Si Caillaux trahit son pays en voulant faire une paix honteuse, ceux-là conduisent à la défaite. Tu sais que Serrigny [1] est peut-être l’intelligence la plus lumineuse de toute notre armée. Enfin tu liras, et Maurice Pernot nous complètera ce que la lettre ne nous dit pas.

Beauregard m’avait dit hier que les Anglais avaient subi des pertes effroyables, mais les députés sont sortis de la commission de l’Armée absolument effondrés car, la langue lui a-t-elle fourché, Clemenceau avait donné le chiffre fantastique de deux cent cinquante mille. On s’efforça de leur faire comprendre que si les Anglais avaient perdu un pareil nombre d’hommes, les Allemands seraient en marche sur Paris. Une centaine, ce n’est déjà pas mal. Bardoux, en nous racontant cette tape à laquelle il a assisté, nous disait que nos Alliés répugnent toujours à dégommer un général, et ce respect fait que des incapables inamovibles président à l’hécatombe de leurs soldats. Un tommy, par exemple, cela ne pèse pas une once et c’est exécuté en cinq sec. Heureuse armée.

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