22 décembre 1917 | La 1ère Guerre vue de Paris

On vient de sonner l’alerte, tout est éteint, mais Pervenche n’a pas voulu descendre à la cave, elle craint d’y prendre froid. Je t’écris donc du coin du feu habituel. J’espère que mon papier ne sera pas interrompu par quelque bombe de Gotha en balade. Pauvre maison, elle n’est ni haute ni solide, le moindre projectile gros comme une noix la ferait s’affaisser comme une galette. La Chambre devait encore siéger lorsque la sirène a parcouru le pays, je serais curieux de connaître la sensation de l’Assemblée. Il est vrai que la cage a dû être plongée dans l’obscurité et on aura tourné la clef des inepties.

Il est certain que Caillaux, dans la matinée, a fait beaucoup d’impression sur la Chambre [2], nous avons indiqué cela dans une note et je ne sais si je ne dois pas un peu le regretter, beaucoup de gens me semblent prendre assez mal cette constatation qui est cependant la pure vérité. À la lecture, le discours, qui a fait un si grand effet à la tribune, ne tient guère et me paraît très faible. À la Chambre même dans la soirée, et c’est ce qu’on m’a téléphoné, on dit beaucoup que Caillaux a été un admirable artiste, qu’il a fait là un joli tour de force, mais que cela ne l’empêche pas d’avoir été l’ami d’Almereyda, de Bolo et d’un tas de fripouilles.

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