30 décembre 1917 | La 1ère Guerre vue de Paris

Mon cher Pierre,

Rien de particulièrement intéressant depuis ta bonne visite. Comme tu le sais, je t’ai quitté pour rejoindre Maurice Pernot. Il était mélancolique et moins causant que d’habitude. Il me dit que l’article gaffe du Temps d’hier lui semble avoir été écrit par Jean Herbette sous la dictée de Pichon.

C’est la réponse à ta question lorsque tu me demandais si l’on se préoccupait de la solution à donner aux propositions des Centraux. Maurice Pernot me dit aussi que les articles de Gauvain sont excellents, mais qu’ils présentent un danger réel, non pas dans les idées qu’ils expriment qui sont la justesse même mais parce que les socialistes se les annexent et s’en font une arme contre le gouvernement, et une arme redoutable. – Cependant, dis-je, si le gouvernement ne veut pas faire ce que nous estimons être la sagesse, n’est-ce pas un danger aussi de ne pas le dire ? – Certainement, répond Pernot, mais la disparition du gouvernement en ce moment serait un cataclysme.

Je ne crois cependant pas que, si le cabinet prenait sur la question une attitude autre que celle que nous indiquons, sa chute en résulterait ipso facto. Il commettrait une grande maladresse, mais la majorité le soutiendrait dans cette voie dangereuse comme elle a suivi les ministres précédents dans toutes leurs fautes diplomatiques. Il aurait en tout cas plus des trois-quarts de la presse avec lui, n’est-ce pas ton avis ? Doit-on, parce que le ministère fait des choses excellentes pour la conduite de la guerre à l’intérieur, ne pas lui crier casse-cou lorsqu’il s’engage dans la voie dangereuse à l’extérieur ?

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