31 décembre 1917 | La 1ère Guerre vue de Paris

Mon cher Pierre,

Les milieux marocains sont fort agités et on le comprend. Le gouvernement voudrait retirer du Maroc la plus grande partie des troupes qui y sont. Déjà, six bataillons auraient été rappelés et l’exode devrait continuer. Lyautey demeure très inquiet de ces velléités métropolitaines. Il prétend que le Maroc ainsi abandonné serait à la merci de la moindre insurrection. On se demande pourquoi le gouvernement prend d’aussi dangereuses décisions.

Clemenceau, paraît-il, ne pardonnerait pas à Lyautey des propos qu’il aurait tenus sur son compte, propos vifs et sévères, et il chercherait à lui rendre la position intenable. Sous prétexte de récupérations de troupes pour notre front, on obligerait Lyautey à demander son rappel pour ne pas endosser de pareilles responsabilités. Voilà ce qui se dit au Comité de l’Afrique. Si la chose est vraie et si réellement Clemenceau songeait à dégarnir le protectorat pour faire pièce à Lyautey, ce serait un acte criminel, bien digne du reste du Clemenceau d’autrefois.

Si d’autre part le besoin de troupes était le vrai motif, le calcul serait bien mauvais car, pour récupérer quelques millions d’hommes, on serait sûrement obligé quelque temps après d’envoyer des corps d’armée.

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