1er janvier 1918 | La 1ère Guerre vue de Paris

Mon cher Pierre,

Je te fais grâce de toute considération sur ce quatrième jour de l’an qu’aura vu la guerre. Sera-ce le dernier, ou l’aube de 1919 se lèvera-t-elle encore sur des hécatombes, c’est le secret de l’avenir et je reviens au présent, car, pour nous, le 1er janvier ressemble comme un frère au 31 décembre ou au 2 janvier.

Tu as vu l’affaire socialiste d’hier [1]. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais moi j’ai mon idée là-dessus, et dès l’aube j’en ai téléphoné à Gauvain que j’ai trouvé non seulement de mon avis mais peut-être encore plus vif que moi sur la maladresse commise par Clemenceau. Je m’étais entendu avec lui sur l’article à faire, j’avais même cherché le moyen de ménager au gouvernement une porte de sortie. Il était convenu que nous insisterions sur la façon malheureuse dont avait été posée la question. Les socialistes, dans leur manie de tout transformer en question de parti, ont fait une manifestation collective là où il aurait fallu tout simplement demander des passeports individuels pour des hommes désireux de se rendre dans un pays somme toute encore allié. Il ne s’agissait pas de se rendre à une conférence où on aurait à discuter avec des Allemands, mais à des membres d’un parti parlementaire se rendant à Pétrograd pour causer avec des gens du même parti dans ce pays allié.

[...]

Consulter la suite de : 1er janvier 1918 | La 1ère Guerre vue de Paris