Les émeutes en Tunisie : une fièvre et des méthodes anciennes | HCTC

La situation est chaude en Tunisie. L’histoire contemporaine du pays enregistre  une « tradition » des mois de janvier tumultueux (1952, 1978, 1980,1984, 2008, 2011) et le souvenir de 2011 attise la conviction qu’on peut faire des choses « révolutionnaires ». La surprise de 2011 suffit à échauder contre toute envie de prédire ou de faire des pronostics, les inconnues restent grandes face à ce méga-événement et à ses conséquences jusqu’à ce jour. Les gens et les médias s’emballent sans prendre le temps de passer par des analyses approfondies des conditions et de ce qui entretient la tension et la violence apparents. La situation est effectivement difficile à décrypter ; elle exige une attention soutenue dans le temps et des enquêtes fines. On commence à en produire en Tunisie depuis 2011 et il suffirait de revenir par exemple aux rapports réguliers du Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES). Malheureusement, on vit trop dans l’immédiateté et la médiatisation en pointillés, souvent surprise par les pics, contribue à l’incompréhension des faits.

Une secousse de plus

Il s’agit, vraisemblablement d’une secousse de plus – et les secousses arrivent souvent en janvier depuis 2011- coûteuse et douloureuse pour un pays qui n’arrive pas à redresser la situation économique qui empire depuis des décennies suite à des choix inopérants. 2011 a emporté Ben Ali, lâché par ses acolytes qui n’ont pas disparu puisque ils agissent dans le cadre de réseaux plus ou moins constitués. Réseaux et intérêts ne peuvent pas se défaire d’un coup de baguette. Le pays était depuis longtemps sous la férule d’une mafia installée dans les arcanes de l’administration et du pouvoir qui excluait les énergies non affiliées au système. L’ensemble des habitants du pays ne bénéficiait pas de la croissance de l’économie d’alors, engagée dans des stratégies économiques, actionnées par des intermédiaires choisis et productrices de privilèges de plus en plus fléchés. La Révolution de décembre 2010/janvier 2011 a donné un coup dans la fourmilière, elle a ouvert la porte à de nouveaux acteurs et brouillé des cartes pour les anciens joueurs.

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