La Rochelle et l’esclavage : l’article que vous ne lirez pas dans une revue rochelaise et le livre que vous ne trouverez pas en ville – Le blog de Jacques de Cauna Chaire d’Haïti à Bordeaux

Le célèbre sculpteur sénégalais Ousmane Sow, bien connu à Bordeaux depuis sa grande rétrospective de l’an 2000 sur les quais, vient de s’éteindre à 81 ans. Il a été dit que ses œuvres rendaient beaux ceux qui les regardaient. Ses premières sculptures monumentales de guerriers dataient de 1988 (« Bordeaux porte de l’Afrique », au hangar 5) et sa dernière de 2015 (« Toussaint Louverture », à La Rochelle). L’installation de la statue géante du Grand Précurseur dans l’hôtel du planteur rochelais Aimé-Benjamin Fleuriau, – qualifié à tort d’armateur négrier – a prêté pour certains à polémique ou à récupération. Une mise au point historique s’impose…

Le 20 mai 2017, dans le cadre des manifestations officielles de la journée commémorative annuelle de l’esclavage, une monumentale statue de Toussaint Louverture (1743-1803) en majesté lisant sa constitution autonomiste, réalisée par le sculpteur sénégalais Ousmane Sow, était solennellement installée dans la cour d’honneur de l’hôtel Fleuriau, aujourd’hui Musée du Nouveau-Monde créé trente-cinq ans plus tôt dans ce qui avait été la résidence urbaine du planteur et négociant rochelais Aimé-Benjamin Fleuriau (1709-1787) à son retour d’un long séjour de plus de vingt-cinq ans à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti). Ainsi se trouvaient réunis deux personnages historiques emblématiques au grand étonnement de ceux qui auraient aimé les présenter dans une situation de confrontation polémique, ce que ne manqua pas de faire la petite entreprise mémorielle locale, saisissant ainsi l’occasion d’occuper le devant de la scène et aussitôt relayée comme il se doit par des médias friands de sensationnalisme bien-pensant à peu de frais.

On n’hésita pas alors, dans une vision manichéenne plus que sommaire, à pousser de hauts cris contre l’insupportable enfermement du héros noir (que l’on venait de découvrir peu auparavant, tout comme son pays d’Haïti) « chez un armateur négrier » (que l’on s’obstinait à qualifier ainsi contre toute évidence historique, celui-ci n’ayant jamais armé un seul navire – et qui plus est pour la traite – à La Rochelle). Et même, « le principal armateur négrier » de la ville pour l’« incontournable » entrepreneur mémoriel bordelais K. Diallo qui n’hésita pas à se poser alors dans ses propres supports médiatiques en initiateur du projet.

On voulut aussi y voir naturellement la main perverse du « politique » toujours prêt à occulter la vérité révélée du couple victimisation-culpabilisation, clé conceptuelle de toute interprétation actuelle des rapports sociaux. Tout en se bousculant toutefois pour figurer sur la photo que les médias allaient abondamment diffuser…

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