Bertrand Burgalat : « diagonale du vide » | l’histgeobox

On a longtemps évoqué la « diagonale du vide » à propos d’un vaste territoire peu densément peuplé s’étendant des Ardennes aux Pyrénées en passant par le Massif Central. Le succès de cette « diagonale » à l’origine incertaine, témoigne de l’importance accordée très tôtà la question du dépeuplement de régions françaisespar les pouvoirs publics et une partie de l’opinion.

Cette dénomination s’avère aujourd’hui obsolète tant les situations de ces territoires peu peuplés sont diverses.* « Une bande de territoires à faible densité »
Dès le dernier quart du XIXe siècle, la dénatalité inquiète. Le congrès de la Société des Géographes Français en 1884 a déjà pour thème la dépopulation et la stérilisation de vastes espaces. Or, ces préoccupations s’inscrivent dans la durée. Au sortir de la seconde guerre mondiale, J.F. Gravier s’inquiète de la répartition déséquilibrée des hommes et de leurs activités dans « Paris et le désert français » (1947). Au cœur des Trente Glorieuses, l’exode rural que connaissent un certain nombre de campagnes françaises entretient un discours anxiogènede la part des géographes comme des politiques. La désertification à l’œuvreentraînerait une dégradation définitive de la végétation et des sols de territoires d’où la vie sociale aurait disparu (théories de « seuil de sociabilité »). Les premières fermetures de services publics dans les régions « désertées » accentuent les craintes, incitant les pouvoirs publics à porter leur attention à ces espaces dans le cadre de la politique d’aménagement du territoire. C’est dans ce contexte que s’inscrit la popularité de la « diagonale du vide », dernier avatar de la « France des diagonales ». (1)

L’origine de l’expression demeure obscure. Elle pourrait dériver d’un ouvrage publié par le géographe René Béteille, la France du vide, en 1981.  L’auteur définissait par ce terme une France des faibles densités, à dominante rurale.
Facile à mémoriser, l’expression se diffuse alors très largement dans les plans d’aménagements du territoire, les discours des hommes politiques, les médias et les manuels de géographie du secondaire. La « diagonale du vide » ainsi identifiée prend en écharpe la France du Nord-est au Sud-ouest en reliant une succession de territoires dissemblables. Depuis la forêt des Ardennes, cette bande de terre traverse la Champagne, les confins de l’Orléanais (Sologne, Gâtinais) et de la Bourgogne (Puisaye, Sancerrois, Morvan), le Berry, le Bourbonnais, une partie du Massif Central (Marche, Combrailles, Xaintrie, Rouergue, Lozère), le Quercy, le Périgord, les  Landes de Gascogne, jusqu’aux Pyrénées.

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