L’agalmatophilie, le vice des peloteurs de statues | Savoirs d’Histoire

Songer à coïter à la vue d’une statue, dans un musée, un jardin public ou dans la rue, si cette drôle d’idée vous a déjà traversé l’esprit alors vous êtes peut-être atteint de cette curieuse manie que l’on nomme l’agalmatophilie. Vous l’aurez compris, aujourd’hui, en plus de vous faire découvrir un nouveau mot que vous réussirez à replacer sans peine lors de votre prochain dîner, je vais vous parler d’un phénomène étrange, d’une obsession bizarre, dont on trouve trace dès l’Antiquité.

En effet, si les statues pouvaient parler, certaines de ces beautés séculaires aux formes parfaites nous raconteraient les odieux outrages dont elles furent les victimes au cours des siècles. Car il est des personnes chez lesquelles la contemplation d’une statue, ou parfois d’une peinture, peut déclencher les plus incontrôlables désirs, une envie soudaine de bramer comme un cerf et de se jeter sur elle pour la caresser, l’étreindre et enfin s’y frotter.

Bien entendu, je ne parle pas ici du plaisir innocent qui consiste à effleurer du bout des doigts la douceur marmoréenne pour apprécier la finesse de l’ouvrage. Non, je parle d’attouchements frénétiques accompagnés d’intentions plus voluptueuses, plus licencieuses. Cette manie d’aller peloter de pauvres statues sans défense dans un but de jouissance est connue sous le nom d’agalmatophilie, du grec « agalma » (statue, image) et « philia » (amour), qui signifie l’amour des statues. À ne pas confondre avec l’agalmatorémaphobie qui est la peur de voir des statues se mettre soudainement à parler… Du style : « Retire tes sales pattes de là ! »

Si l’idée peut prêter à sourire, vous allez voir que l’agalmatophilie est pourtant un sujet on ne peut plus sérieux. On retrouve d’ailleurs de nombreuses anecdotes agalmatophiles, relatant les déboires de personnages tombés amoureux de statues et ayant pratiqué sur celles-ci l’acte sexuel, dans la littérature des premiers siècles. C’est ce que rapporte la passionnante étude de Danielle Gourevitch consacrée à « Quelques fantasmes érotiques et perversions d’objet dans la littérature gréco-romaine » (1982) ou encore celle de Renaud Robert intitulée « Séduction érotique et plaisir esthétique : de Praxitèle à Ovide » (1992). Aussi, permettez-moi de vous relater quelques-unes de ces anecdotes plaisantes.

[...]

Consulter la suite de : L’agalmatophilie, le vice des peloteurs de statues | Savoirs d’Histoire