En 1820. Deuxième retour de Frédéric Soulié en Ariège | Christine Belcikowski

« Il n’est peut-être pas nécessaire que je raconte aujourd’hui pourquoi je me trouvais dans les Alpes en septembre et octobre 1820 « , dit Frédéric Soulié dans La Chambrière, roman publié en 1839. « J’avais dix-neuf ans ; j’étais jeune autant qu’on peut l’être […]. M. Brisard était un vieil ami de mon père, et le fait de ma présence chez lui pouvait gravement le compromettre ; mais l’excellent homme avait plus écouté ses souvenirs d’amitié que sa sécurité de magistrat, et non seulement il m’avait permis de résider dans la ville qu’il gouvernait et d’où je pouvais passer en Italie en trois enjambées, mais encore il m’avait offert un appartement chez lui. C’était un vieux garçon, ancien sous-préfet de l’empire, que la Restauration avait exilé dans ce pays perdu, et qu’il administrait avec résignation en attendant qu’il eût achevé le temps nécessaire pour obtenir sa retraite, qui était toute la fortune qu’il pût jamais espérer. »

Le narrateur précise qu’il se souvient de s’être trouvé dans cette ville le « jour où l’on annonça la naissance du duc de Bordeaux » , soit le 29 septembre 1820. Frédéric Soulié prête ici à son narrateur l’âge qu’il avait lui-même en septembre 1820, ainsi que le signalement policier qui était le sien à cette date, en raison de ses amitiés carbonaristes, de sa participation aux mouvements de foule observés lors des obsèques de l’étudiant Nicolas Lallemand en juin 1820, et de sa possible proximité avec les auteurs de la conspiration, déjouée à Paris le 18 août 1820, conspiration qui visait au renversement du gouvernement à main armée.

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