De l’inquiétante étrangeté de l’imago maternelle dans l’œuvre de Frédéric Soulié | Christine Belcikowski

Publié d’abord en feuilleton dans Les Débats (1844), recueilli dans la série Les Drames inconnus, le roman intitulé La Maison n° 3 de la rue de Provence illustre de façon saisissante le lien que la fiction entretient avec l’autobiographie dans l’œuvre de Frédéric Soulié.

On sait par les amis de Frédéric Soulié qu’il tenait l’autobiographie pour un genre inintéressant. « Il avait, dit Jules Janin, un esprit rare et charmant qui lui disait que tous ces enfantillages se ressemblent, et qu’il ne faut pas y revenir » . Mais la lecture de l’œuvre montre que, tels le naturel qui revient au galop, les « enfantillages auxquels il ne faut pas revenir » hantent l’imagination de l’écrivain au point qu’infiltrant de toutes parts le champ de la fiction, ils font de cette dernière la version revenante, ou fantôme, de l’autobiographie à laquelle l’écrivain déclare pourtant se refuser. Ils éclairent de la sorte le drame dont, enfant, l’écrivain a été l’enjeu et dont, faute d’en savoir davantage, il fictionne inlassablement les divers scénarios possibles. Ceux-ci font au demeurant, sur le mode heuristique de l’autofiction, la matière inépuisable de l’œuvre. Certes l’œuvre de Frédéric Soulié ne se veut pas autobiographique, mais, ainsi sous-tendue par la quête d’une vérité introuvable, elle le devient volens nolens de part en part. L’extraordinaire est que l’autobiographie s’y invente et cependant s’y avère, sous les dehors ou plutôt dans les plis de l’autofiction.

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