Pierre et Gilles : un art fantasque (« kitsch » ?) pour une Antiquité fantasmée | Antiquipop

Par le biais de la photographie peinte, le duo d’artistes français Pierre et Gilles témoigne de leur volonté de créer un univers fantasmagorique et dont l’Antiquité pourrait en être le support. En effet, au regard de leurs productions, nous pouvons constater que les références à la mythologie gréco-romaine sont omniprésentes et révélatrices d’une source majeure d’inspiration, et ce dès la fin des années 1980. Ainsi en est-il, pour ne citer qu’elles des œuvres intitulées Méduse (Zuleika), Diane (Naomi Campbell), Mercure (Enzo Junior), ou bien encore Apollon (Jean-Christophe Blin). Il va sans dire que les modèles, savamment choisis par les deux artistes, paraissent incarner la représentation d’un Beau idéal, quitte à bousculer notre perception du genre : si Naomi Campbell incarne une Diane chasseresse guerrière, le visage juvénile d’Icare ainsi que le décor l’entourant ne le présentent plus que comme simple bodybuilder androgyne.

Les productions de Pierre et Gilles sont souvent caractérisées, dans la presse notamment, comme étant kitsch. De nombreux articles le titrent expressément. Tandis que Le Parisien suggérait en 2004 « Pierre et Gilles, un univers très kitsch », Libération osait en 2013 le jeu de mot « Kitsch ou double », tandis que Le Figaro proposait encore récemment « Chez Pierre et Gilles, antre kitsch et coloré ». Cependant, les définitions proposées, tant par le Trésor de la langue française, que par Théodore Adorno présentent le kitsch de manière péjorative. Ce dernier le considère d’ailleurs comme une « simulation de sentiments inexistants ». Nous pourrions alors nous demander si les œuvres de Pierre et Gilles sont de si mauvais goût pour être qualifiées de la sorte.

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