Roméo, Juliette, Gigola et Sommariva | Épitomé

Une exposition consacrée à la naissance du romantisme en Italie, au musée Poldi Pezzoli de Milan (25 octobre 2018-19 mars 2019) est l’occasion d’étudier plus précisément un ouvrage rarissime, la Storia di due nobili amanti, illustré par Giovanni Battista Gigola au début du xix e siècle.

L’une des plus belles histoires d’amour de tous les temps

C’est en 1530 que Luigi da Porto, un écrivain de Vicence, compose l’Historia novellamente ritrovata di due nobili amanti qui décrit l’amour fatal que se portent Juliette Capulet et Roméo Montaigu. Si l’intrigue est ancienne – on peut la faire remonter au mythe de Pyrame et Thisbé –, les motifs principaux sont fixés dans le Décaméron de Boccace (vers 1350) puis dans Mariotto et Ganozza de Massucio Salernitano (1467). Mais c’est da Porto qui baptise définitivement les personnages, développe la rivalité entre les familles véronaises et introduit le sort final des deux amants.

Son texte connaît une diffusion internationale : Pierre Boistuau l’adapte en français en 1559 dans les Histoires tragiques, et l’Anglais Arthur Brooke, qui a lu Boistuau, en tire en 1562 The Tragical History of Romeus and Juliet. Ce conte est la source principale de l’œuvre de Shakespeare, publiée pour la première fois en 1597.

A la fin du xviii e et au début du xix e siècle, les romantiques remettent au goût du jour cette histoire médiévale et tragique, propre à enflammer les imaginations. Il n’est donc pas étonnant que le milieu à la mode dans lequel évolue G. B. Gigola s’y intéresse.

Un joyau de la miniature du xix e siècle

Le texte de Luigi da Porto, publié par Bindoni dans le premier tiers du xvi e siècle, fait l’objet d’une réédition sur les presses de l’imprimerie impériale de Milan en 1819. L’édition comprend 7 exemplaires imprimés sur parchemin et enrichis d’ornements et de miniatures dans le goût « troubadour » destinés à des personnalités et bibliophiles italiens et anglais.

L’ouvrage est mince, 38 feuillets, et de petit format (23,5 × 14 cm). L’édition comporte un avis au lecteur, orné dans notre cas. Une dédicace manuscrite rehaussée d’un portrait médaillon du comte Sommariva, le suit.

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