Pages blanches de l’histoire de France | CVUH

« Je ne suis pas raciste. Je fais une analyse individuelle. Pour moi la France est blanche. Ce n’est pas raciste, juste historique ». Ce sont les propos tenus cet été par un militant d’extrême droite interrogé par un juge du parquet de Paris. Il fait partie des treize personnes appartenant au groupuscule « Action des Forces opérationnelles » (AFO) qui ont été interpellées et conduites devant la justice car soupçonnées de préparer des attentats contre des musulmans en France. L’affirmation d’une identité « blanche » de la France est légitimée par un « juste historique ».

Où l’on voit ici les deux termes s’assembler pour faire d’une opinion une vérité irréfutable : c’est une évidence de dire cela car c’est « historique », donc de l’ordre du vrai. Le passé est utilisé pour construire un régime de vérité sur la représentation d’un nous (les « Blancs ») absolutisé et d’un Autre (musulman) fixé à perpétuité en dehors de la communauté nationale. La phrase relève d’un reliquat narratif qui naturalise ce discours d’une France historiquement « blanche ». De l’historien Charles Seignobos dans son Histoire sincère de la nation française (1933)aux déclarations de l’eurodéputé Nadine Morano en 2015, le propos traverse les mémoires et les générations. Ce reliquat narratif a ses déclinaisons : le discours sur les origines gauloises ou celui sur les racines chrétiennes portés depuis plusieurs années par la droite conservatrice et extrême relayée par un certain nombre d’éditorialistes et d’essayistes.

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