Le toit de Notre-Dame a tout juste fini de brûler, l’émotion est encore fraîche, et déjà se pose la question de la reconstruction. Alors que certains en sont encore à stabiliser les murs latéraux (tombera, tombera pas…), d’autres commencent les comptes. Et parmi les points sensibles, il y a celui de la défiscalisation des énormes dons promis par les grandes fortunes du pays dans la nuit.
Derrière le drame réel qu’est la destruction de pans entiers de Notre-Dame, et justement parce que ce bâtiment est si emblématique, c’est donc un débat de fond qui s’amorce sur le développement du mécénat en France.
Thibaut le Riche et Notre Dame
Comme certains l’ont fait remarquer, il y a dans cet appel aux dons quelque chose de très médiéval. En effet, beaucoup des grands et coûteux chantiers des cathédrales gothiques, qui se développent en Île-de-France dès la fin du XIIe siècle, ont été largement financés par des appels à la générosité de la population. Dans certains diocèses, à force de faire passer la corbeille pour les quêtes et les aumônes, c’est probablement jusqu’à un tiers du chantier qui est payé directement par les fidèles – bourgeois et corporation des métiers en tête. Parfois plus, surtout quand un impôt extraordinaire vient compléter le dispositif. Mais, exactement comme aujourd’hui avec les dons offerts par Pinault, Arnault et cie, on hésite parfois à accepter toutes les contributions.