La sombre histoire des « fillettes » de Louis XI et autres joyeulsetez… | Savoirs d’Histoire

Louis XI fut roi de France de 1461 à 1483, période charnière de la fin des temps chevaleresques du Moyen Âge et de l’entrée dans l’ère de la Renaissance. Au fil des siècles, ce dernier roi médiéval a été l’objet de nombreux fantasmes et légendes qui participèrent à figer un portrait stéréotypé : celui d’un monarque cruel et superstitieux, symbole d’un soi-disant obscurantisme médiéval.

Cette mythification quelque peu médisante à l’égard du souverain a, par la suite, été entretenue et accentuée par les auteurs romantiques du XIXe siècle, ces grands nostalgiques de la chevalerie féodale et fins amateurs d’une vision sombre et troublée du Moyen Âge. Ainsi dans la littérature romantique — chez Walter Scott, Balzac ou encore Victor Hugo — notre Louis XI apparaît comme un personnage menaçant, un roi tyrannique et arbitraire, et les récits de son règne regorgent de racontars effrayants parmi lesquels la célèbre histoire des fillettes du Roy. Aujourd’hui je me propose de dépoussiérer un peu la frimousse de celui que l’on a surnommé l’« universelle aragne », l’universelle araignée. Brrrr…

Dans son roman Notre-Dame de Paris (1831), Victor Hugo relate l’existence de cages utilisées sous Louis XI pour emprisonner les prisonniers d’état. Il nomme ces cages fillettes du roi et les décrit ainsi : « Il y avait aux parois deux ou trois petites fenêtres, si drument trillissées d’épais barreaux de fer qu’on n’en voyait pas la vitre. La porte était une grande dalle de pierre plate, comme aux tombeaux. De ces portes qui ne servent jamais que pour entrer. Seulement ici, le mort était un vivant. » À la suite de Victor Hugo plusieurs chroniqueurs et romanciers racontèrent les tourments d’hommes placés en détention sur ordre du roi dans des cages faites de bois et de fer — cages dont on dit qu’elles étaient trop petites et trop étroites pour qu’un homme puisse s’y tenir debout — et dans lesquelles certains prisonniers furent enfermés des mois durant. Pour y voir un peu plus clair dans cette sombre affaire, c’est dans les geôles venteuses et humides du château de Loches qu’il faut se rendre. C’est en effet dans ce logis royal dont la construction a débuté aux alentours de l’an mil que Louis XI, au XVe siècle, a décidé d’installer sa prison d’État en y faisant incarcérer bon nombre de prisonniers de haut rang parmi lesquels l’évêque de Périgueux, le duc d’Alençon ou encore le grand sénéchal de Normandie.

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