De l’histoire et des sites antiques dans le discours politique contemporain : L. Wauquiez, E. Macron, J.-L. Mélenchon | Antiquipop

L’Antiquité a toujours été présente dans la culture politique française, elle l’est toujours aujourd’hui dans les déclarations politiques et dans la presse et les réseaux sociaux qui les commentent. On a choisi de s’intéresser ici à des déclarations récentes de Laurent Wauquiez, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon en les rapportant aux sites antiques qui leur servent de cadre, Gergovie, Athènes et Rome. Parmi les innombrables références qu’offre l’histoire ancienne, celles qu’ils choisissent d’évoquer ou de passer sous silence – par choix délibéré ou par ignorance – dévoilent autant qu’elles dissimulent leurs connaissances et conceptions du monde antique (et partant de l’histoire), et, au-delà, l’information et la culture qu’ils prêtent à leurs auditeurs. L’historien mesure la difficulté de parler de chacun « sans amour et sans haine », mais il va s’efforcer d’y réussir mieux que Tacite.

Gergovie et la « résistance gauloise » sont chers à l’édile ponot devenu président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. En 2011, le titre du chapitre qu’il consacre à l’Antiquité dans son livre écrit avec Yannick Faure (La Haute-Loire de ses origines à nos jours, éditions Jeanne d’Arc, Le Puy) annonce la couleur : comment les Vellaves ont-ils combattu aux côtés de Vercingétorix à Alésia ? En avril 2017, dans le cadre des primaires du parti Les Républicains, François Fillon tient un meeting à Clermont-Ferrand. Il évoque Gergovie qui est à l’horizon : « il y a quelques siècles, un rebelle gaulois, Vercingétorix, infligea une défaite magistrale à Jules César… qui était pourtant le favori des sondages ! » François Fillon sait bien qu’Alésia vient après (en 2012, il a inauguré le MuséoParc d’Alésia en évoquant les défaites fondatrices qui ont forgé la nation française). Prévoyant les commentaires qu’allait provoquer cet humour – les blogueurs de tout bord ont immédiatement ironisé sur Fillon-Vercingétorix – Laurent Wauquiez lance : « Nous sommes le peuple de droite… On sait où est Gergovie. Mais on ne connaît pas Alésia. On ne connaît pas la défaite ». Il soutient le projet du propriétaire du château de Saint-Vidal près du Puy de créer un musée où le visiteur déambulera de pièce en pièce, de Vercingétorix à la bête du Gévaudan, et assistera à un spectacle didactique sur l’histoire du Velay. Fin octobre 2017, il lance l’opération Les sites régionaux qui font l’histoire de France qui doit inciter les habitants de la région à s’interroger sur leurs origines, leur identité et les moments qui ont fait la France[1]. Parmi les 50 sites qu’a présélectionnés son équipe, ils sont invités à voter pour en retenir 12 qui seront valorisés par la Région (projets éducatifs, événements, promotion, expositions). Le site de Gergovie (qui n’a finalement pas été retenu) est ainsi présenté : « Cité par Jules César comme le lieu de sa défaite face à Vercingétorix (52 av. J-C), Gergovie et sa bataille deviennent au XIXe siècle un symbole national. Depuis 1900, un monument commémoratif signale le site. Les récentes fouilles archéologiques confirment la présence sur le plateau d’une importante forteresse gauloise (oppidum) du 1er siècle av J-C. Un centre d’interprétation est en cours d’aménagement »…

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