François Ier chez Alexandre Dumas | Histoire du livre

Comme celle de Montpellier, qui organise en 1537 le dépôt légal au profit de la Bibliothèque du roi, l’ordonnance de Villers-Cotterêts, prise deux ans plus tard, intéresse les historiens du livre. Il s’agit en effet d’un texte très long (192 articles) qui traite de questions de justice et d’administration, mais dont plusieurs dispositions concernent la langue: l’ordonnance impose aux curés l’enregistrement des naissances survenues dans leur paroisse (c’est l’origine des registres paroissiaux), et elle établit que tous les actes juridiques (dont les actes notariés) seront obligatoirement établis non plus en latin, mais en langue vernaculaire, c’est-à-dire en français. 

Nous sommes à la grande époque où le français, qui est de longue date la langue de la cour royale, acquiert le statut de langue littéraire (on pense à Du Bellay) et s’impose comme la langue ordinaire de l’administration. Ces dispositions ont des conséquences d’autant plus grandes que le royaume est le plus étendu d’Europe, face notamment à l’éclatement politique de la péninsule italienne et de l’espace germanophone. Les conséquences sont aussi très importantes pour l’économie de la «librairie» française en général (une très grande partie des «travaux de ville» est désormais publiée en français).
Bien évidemment, le français n’en devient pas pour autant la seule langue du royaume: il est d’abord utilisé dans les villes, quand la grande majorité de la population est composée d’habitants du plat-pays, et parle diverses langues régionales et autres patois. Rappelons-nous de «l’escolier limousin» rencontré par Panurge et ses compagnons sur la route d’Orléans; rappelons-nous encore des propositions de l’abbé Grégoire visant, sous la Révolution, à extirper les «patois» comme autant de subsistances de la féodalité. Pour l’abbé Grégoire et un certain nombre de partisans de la Révolution, les patois, c’est la réaction.
En définitive, les patois ne disparaîtront presque complètement qu’entre le XIXe et la première moitié du XXe siècle, devant l’école publique, gratuite et obligatoire, et devant l’essor des médias de masse.

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