Le regard masculin dans les premières publications populaires américaines (1840-1920) [1/3] | Déjà Vu

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En 1975, la critique et cinéaste britannique Laura Mulvey publie dans la revue académique Screen un article intitulé Visual Pleasure and Narrative Cinema. Ce texte a été rapidement repris et commenté, et il est considéré désormais comme fondateur des études féministes sur le cinéma.

Revendiquant l’héritage de Freud et Lacan, il est l’un des premiers à utiliser la psychanalyse pour analyser le cinéma hollywoodien. Mulvey s’approprie en effet les théories psychanalytiques qu’elle utilise comme une « arme politique » afin de mettre à jour l’influence de la société patriarcale sur la structure même de la narration cinématographique. Pourtant, ce ne sont pas les usages politiques de la psychanalyse – caractéristiques d’un certain militantisme des années 1970 – qui ont assuré la notoriété de l’article, mais son énonciation du concept de regard masculin [male gaze].

Le regard masculin [male gaze]

Pour Mulvey, le male gaze désigne la manière dont les femmes sont représentées au cinéma selon le point de vue privilégié de la culture patriarcale occidentale, c’est-à-dire comme des objets du plaisir visuel masculin. Elle relie le plaisir visuel masculin en question aux descriptions de la pulsion scopique et du narcissisme en psychanalyse : « La pulsion scopique (le plaisir à regarder un tiers en tant qu’objet érotique) de même que la libido du moi (qui façonne le processus d’identification) agissent comme des structures, des mécanismes qui définissent les attributs formels de ce cinéma [les films narratifs conventionnels]. » (op. cit. p. 49). Le plaisir de voir le corps féminin au cinéma s’accompagne selon elle d’une identification narcissique de la part du spectateur masculin.

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